davril 1932. Son pĂšre, journaliste et traducteur, n’était pas encore le poĂšte que l’Union SoviĂ©tique allait cĂ©lĂ©brer plus tard. S’il quitta le foyer familial dĂšs 1935, le dialogue ne cessera jamais, entre le pĂšre et le fils, entre la poĂ©sie de l’un et le cinĂ©ma de l’autre. Les vers d’Arseni Tarkovski se font ainsi J'avais deux idĂ©es explique le cinĂ©aste. La premiĂšre Ă©tait de jouer avec les codes du polar. La seconde Ă©tait d'aborder la relation pĂšre-fils. Chez moi, c'est une vĂ©ritable obsession Cest sans doute le cinĂ©aste italien le plus intĂ©ressant d’aujourd’hui : Marco Tullio Giordana signe, avec "LĂ©a", qui sort cette semaine, un film passionnant, d’une rare densitĂ© humaine. L’histoire de cette femme qui fuit, avec sa fille, la violence de la N’Drangheta, la mafia calabraise, est poignante. Le rĂ©alisateur revisite 20 ans de l’histoire de son pays, en filigrane Commesi cela n’était pas suffisant il « alla chercher une longue perche pour abattre des noix », comme si le gamin Ă©tait chosifiĂ©, le « frappa sur l’épaule », le « chassant rudement », en une autre animalisation. Il est probable que nous ne reverrons guĂšre un tel pĂšre, sinon jamais, au cours du roman, tant ce dernier, en une belle revanche, est attachĂ© Ă  son indigne fils. Description DĂ©tails du produit. «Jean Renoir, deuxiĂšme fils du grand peintre Pierre-Auguste Renoir, fut l’un des cinĂ©astes les plus influents du XXe siĂšcle et mĂȘme, selon Orson Welles, LBHOie. Le gĂ©nial Deep End sort ces jours-ci dans une superbe Ă©dition Blu-ray chez Carlotta. Idem pour Essential Killing parmi les dix meilleurs films de l’annĂ©e 2011, chez Studiocanal. C’est occasion de se pencher Ă  nouveau sur l’Ɠuvre de Jerzy Skolimowski photo en tĂȘte de texte, une des plus belles du cinĂ©ma moderne. Jerzy Skolimowski, nĂ© en 1938, fut une figure marquante du nouveau cinĂ©ma polonais des annĂ©es 60 aux cĂŽtĂ©s de Roman Polanski avant de devenir un cinĂ©aste insaisissable, Ă  la carriĂšre dĂ©routante. Signes particuliers de Skolimowski Ă  la fois poĂšte et boxeur, acteur et rĂ©alisateur, franc-tireur et farouchement individualiste, comme en tĂ©moignent ses premiers films et ceux qui suivront, tournĂ©s un peu partout dans le monde. Walkover est le deuxiĂšme long mĂ©trage de Skolimowski, aprĂšs Signe particulier nĂ©ant 1964. Il y interprĂšte le rĂŽle principal, celui d’un Ă©tudiant dĂ©sƓuvrĂ© qui a ratĂ© son diplĂŽme d’ingĂ©nieur et qui erre dans des paysages industriels incertains, jamais Ă  sa place dans une Pologne en voie de modernisation. Rencontres pittoresques, humour grinçant, jeunes femmes agaçantes, mais surtout inventivitĂ© permanente de la mise en scĂšne. Skolimowski, sans doute sous influence godardienne, comme beaucoup d’autres Ă  l’époque, bouscule la syntaxe cinĂ©matographique, les bonnes maniĂšres et les habitudes. Le film dĂ©bute par une image gelĂ©e, puis le regard camĂ©ra d’une jeune femme en gros plan, quelques secondes avant qu’elle ne se jette sous un train arrivant en gare. C’est de ce mĂȘme train que va descendre le hĂ©ros » de Walkover, trentenaire qui va accepter par dĂ©pit de participer Ă  un tournoi de boxe amateur. Lui aussi regardera rĂ©guliĂšrement la camĂ©ra dans des plans fixes oĂč il semble jauger le spectateur, lui imposer des plans miroirs oĂč se reflĂšte une image inconfortable de la condition d’homme, entre rĂ©bellion et dĂ©sillusion, parfaitement intemporelle malgrĂ© l’ancrage historique du film dans la post Nouvelle Vague europĂ©enne. Skolimowski est un cinĂ©aste de l’énergie, mais d’une Ă©nergie vaine. Il s’agit plutĂŽt de dĂ©pense. Son personnage est sans cesse en mouvement, mais il fait du sur place, marche Ă  reculons ou reviens en arriĂšre le plan, a la fois allĂ©gorique et d’une impressionnante vigueur physique, oĂč le cinĂ©aste saute d’un train en marche pour rejoindre le lieu qu’il venait de quitter, prisonnier de la sociĂ©tĂ©, incapable d’échapper Ă  un prĂ©sent stĂ©rile et Ă  un futur guĂšre excitant. AthlĂ©tique, il doit sa victoire sur le ring non pas Ă  sa force mais Ă  un gag humiliant qui donne sa signification au film le walkover » du titre, qui dĂ©signe dans le vocabulaire de la boxe une victoire par abandon. Skolimowski, comme son collĂšgue Polanski, ne va pas supporter longtemps la censure politique de la Pologne communiste. AprĂšs La BarriĂšre 1966, Haut les mains est interdit l’annĂ©e suivante par la censure il faudra attendre 1981 pour qu’il soit projetĂ© sur un Ă©cran. Skolimowski quitte son pays et commence une carriĂšre erratique d’exilĂ© perpĂ©tuel, filmant d’abord en Belgique le magnifique DĂ©part, trĂšs proche des films de Godard il lui emprunte Jean-Pierre LĂ©aud, gĂ©nial en garçon coiffeur rĂȘvant de devenir champion de course automobile, en Italie Les Aventures du brigadier GĂ©rard que Skolimowski considĂšre comme son pire film. Heureusement son installation en Grande-Bretagne lui sera plus profitable. Deep End 1970, grĂące Ă  la ressortie providentielle du film en salles cette annĂ©e, puis en DVD et Blu-ray, dans une magnifique copie restaurĂ©e merci Bavaria et Carlotta a permis de revoir ce film culte, sans doute le plus beau de Skolimowski et l’un des meilleurs des nouveaux cinĂ©mas europĂ©ens des annĂ©es 60-70. On a pu dire que les meilleurs films anglais modernes avaient Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s par des Ă©trangers Blow Up d’Antonioni, RĂ©pulsion de Polanski et surtout Deep End de Jerzy Skolimowski. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, les films des grands cinĂ©astes en exil possĂšdent une qualitĂ© d’étrangetĂ© et d’observation qui les rend fascinants. Skolimowski dans Deep End ne quitte presque jamais les locaux d’une piscine filmĂ©s Ă  Munich, coproduction oblige !, mais un coin de rue, une entrĂ©e de boĂźte de nuit et un bout de campagne enneigĂ©e suffisent Ă  restituer le Londres de l’époque, beaucoup moins glamour que celui d’Antonioni mais absolument authentique, avec ce mĂ©lange de mauvais goĂ»t, d’ambiances glauques et de candeur Ă©rotique. ConsidĂ©rĂ© Ă  juste titre comme un des meilleurs films jamais rĂ©alisĂ©s sur l’état d’adolescence thĂšme dĂ©jĂ  traitĂ© dans les premiers films de Skolimowski et son premier long mĂ©trage hors de Pologne Le DĂ©part tournĂ© en Belgique avec Jean-Pierre LĂ©aud, Deep End fut longtemps confinĂ© Ă  un culte confidentiel en raison de sa raretĂ©, seulement visible dans de pauvres copies 16mm ou 35mm en mauvais Ă©tat qui avaient survĂ©cu aux outrages du temps depuis le dĂ©but des annĂ©es 70, pĂ©riode sinistrĂ©e des nouveaux cinĂ©mas du monde entier dont la redĂ©couverte est toujours autant d’actualitĂ©. Ceux qui avaient eu la chance de le dĂ©couvrir par hasard en gardaient un souvenir Ă©bloui. Ils n’avaient pas rĂȘvĂ©. La ressortie providentielle de Deep End en apporte la preuve Ă©clatante. Le film enfin restaurĂ© avec ses rutilantes couleurs pop venant balafrer la grisaille londonienne est chef-d’Ɠuvre de mĂ©lancolie et de cruautĂ©, ancĂȘtre pas si lointain des teen movies » sensibles signĂ©s Gus Van Sant dans son exploration pleine d’empathie des Ă©mois dĂ©finitifs de l’adolescence. C’est un film de peintre ce que le rĂ©alisateur deviendra lorsqu’il cessera de mettre en scĂšne pendant dix-sept ans, de poĂšte ce qu’il avait Ă©tĂ© avant de faire des films mais aussi de boxeur autre activitĂ© du cinĂ©aste dans sa jeunesse, qui a maintenu dans tous ses films une violence incisive, une prĂ©cision du geste et une Ă©nergie virile qui n’appartiennent qu’à lui. Un jeune garçon timide devient employĂ© dans des bains publics de l’East End londonien. ChargĂ© d’assister les clientes, il dĂ©couvre un univers clos oĂč la promiscuitĂ© et la nuditĂ© humides des corps sont propices Ă  divers Ă©changes et trafics pas trĂšs Ă©loignĂ©s de la prostitution. Il s’amourache surtout de sa collĂšgue, une belle fille Ă  la rĂ©putation facile qu’il Ă©pie et tente maladroitement de sĂ©duire. Deep End a l’idĂ©e gĂ©niale d’inverser les rĂŽles au garçon de jouer les pucelles effarouchĂ©es devant les avances sexuelles des rombiĂšres mĂ©nopausĂ©es, tandis que la fille Jane Asher, fiancĂ©e de Paul McCartney au moment du tournage, cynique et libĂ©rĂ©e, s’amuse avec les hommes et les envoie balader Ă  la premiĂšre occasion. La beautĂ© de porcelaine de John Moulder Brown, petit prince prolo et hĂ©ros rimbaldien de ce roman d’apprentissage dĂ©sastreux en vase clos ajoute au charme fou d’un film tour Ă  tour drĂŽle et tragique, oĂč explose l’art de Skolimowski ce mĂ©lange de poĂ©sie et de trivialitĂ©, d’énergie et de morbiditĂ© que l’on a retrouvĂ© intact dans ses derniers opus, le superbe Quatre Nuits avec Anna film du grand retour au cinĂ©ma aprĂšs dix-sept ans d’absence consacrĂ©e Ă  la peinture, dans une retraite improbable Ă  Malibu, et aussi retour Ă  la terre natale polonaise, que j’avais montrĂ© en ouverture de la Quinzaine des RĂ©alisateurs Ă  Cannes en 2009 et le non moins gĂ©nial Essential Killing en 2011 encore une histoire de dĂ©sir vital et de voyage vers la mort. J’avoue n’avoir jamais vu Roi, dame, valet d’aprĂšs Nabokov, dont l’échec laissera Skolimowski six ans sans tourner et Le Cri du sorcier film sur la folie avec Alan Bates, Susannah York et John Hurt. Douze ans aprĂšs Deep End, Skolimowski rĂ©alise un deuxiĂšme chef-d’Ɠuvre Ă  Londres, Travail au noir. Un film ouvertement politique, mais avant tout une aventure humaine absurde et obsessionnelle, comme toujours chez le cinĂ©aste. DĂ©cidĂ© et filmĂ© dans l’urgence, Travail au noir rĂ©pond au traumatisme du coup d’état polonais de dĂ©cembre 1981, vĂ©cu de loin par l’exilĂ© perpĂ©tuel Skolimowski. Le contremaĂźtre Novak et trois maçons polonais viennent travailler au noir Ă  Londres pour effectuer des travaux dans la maison d’un riche compatriote. Lorsque Novak, le seul Ă  parler anglais, apprend la nouvelle du coup d’état militaire, il dĂ©cide de ne pas en informer les ouvriers, de les maintenir dans un Ă©tat d’ignorance et de retarder le plus possible l’échĂ©ance de leur retour impossible au pays. Encore un film de claustration, Travail au noir est l’histoire d’un projet insensĂ© vouĂ© Ă  l’échec et la mĂ©taphore astucieuse de la douleur d’un pays et de ses exilĂ©s. Jeremy Irons, plus que crĂ©dible en travailleur polonais, y livre une performance extraordinaire. AprĂšs ce chef-d’Ɠuvre, la carriĂšre de Skolimowski va continuer d’avancer en zigzags, avec un film bizarre sur a crĂ©ation et l’exil Le SuccĂšs Ă  tout prix, tournĂ© entre Paris et Londres et deux adaptations littĂ©raires Ă  moitiĂ© acadĂ©miques et plutĂŽt ratĂ©es Les Eaux printaniĂšres et Ferdydurke. Mais avant ces films dĂ©cevants, Skolimowski rĂ©alise en 1986 l’excellent Bateau-phare, qui prolonge la thĂ©matique de la difficile relation pĂšre fils dĂ©jĂ  au cƓur du SuccĂšs Ă  tout prix dans les deux films l’adolescent est interprĂ©tĂ© par le propre fils de SKolimowski, Michael Lyndon. Unique film vĂ©ritablement amĂ©ricain de Skolimowski, cinĂ©aste habituĂ© aux productions apatrides, Le Bateau-phare entretient pourtant une relation ambigĂŒe avec sa terre d’accueil. C’est un film qui reste au large du cinĂ©ma amĂ©ricain comme de son territoire, puisque l’essentiel de l’action se dĂ©roule en mer, sur un bateau-phare chargĂ© de surveiller les cĂŽtes. Pourtant, Skolimowski s’acquitte de sa commande un film noir hustonien, quasi remake de Key Largo tout en signant un film trĂšs personnel l’un des premiers scĂ©narios de Skolimowski, Le Couteau dans l’eau de Roman Polanski, Ă©tait dĂ©jĂ  un huis clos maritime. Le Bateau-phare s’organise autour de deux duels psychologiques, l’un entre un pĂšre et son fils, l’autre entre le pĂšre, capitaine d’un bateau-phare, et un gangster en cavale. Selon la rĂšgle des tournages confinĂ©s, l’histoire du film a contaminĂ© son tournage, avec des affrontements d’ego entre Klaus Maria Brandauer dont la ressemblance physique avec Skolimowski n’est pas fortuite, puisqu’il joue le pĂšre de Michael Lyndon, son fils et le cinĂ©aste, ainsi que des rivalitĂ©s professionnelles entre Brandauer et son ennemi Ă  l’écran, Robert Duvall. En adoptant un classicisme de façade et sans trop se soucier des conventions du genre, Skolimowski est parvenu Ă  conserver la tension et l’énergie de ses plus grandes rĂ©ussites les contingences de la rĂ©alitĂ© ont toujours nourri son art. Ce goĂ»t du mouvement – parfois immobile – et de l’absurde, de la fuite et de l’épuisement se retrouve dĂ©multipliĂ© dans le dernier film en date de Jerzy Skolimowski, chasse Ă  l’homme qui offre Ă  Vincent Gallo l’occasion d’une impressionnante performance masochiste, le gĂ©nial Essential Killing 2011, un des chefs-d’Ɠuvre sortis cette annĂ©e dans les salles françaises et qui lui aussi est dĂ©sormais disponible en DVD et Blu-ray, Ă©ditĂ© par Studiocanal. Indispensable, cela va sans dire. CodyCross 17/06/2022 Veuillez trouver ci-dessous tous les Solution CodyCross Le Puzzle du Jour Petit 17 Juin 2022. Il s’agit d’un fantastique jeu de mots dĂ©veloppĂ© par Fanatee Inc pour les appareils iOS et vous avez terminĂ© avec les niveaux classiques de CodyCross et que vous recherchez un autre dĂ©fi, nous vous recommandons vivement de jouer aux mots croisĂ©s quotidiens. Si vous ĂȘtes coincĂ© avec un indice spĂ©cifique et que vous cherchez de l’aide, veuillez vĂ©rifier les rĂ©ponses fournies ci-dessous. Solution CodyCross Le Puzzle du Jour Petit 17 Juin 2022 Jean Renoir, deuxiĂšme fils du grand peintre Pierre-Auguste Renoir, fut l’un des cinĂ©astes les plus influents du XXe siĂšcle et mĂȘme, selon Orson Welles, “le plus grand de tous les rĂ©alisateurs”. Cette situation exceptionnelle est le point de dĂ©part de “Renoir pĂšre et fils / Peinture et cinĂ©ma”. La prĂ©sente exposition, la premiĂšre consacrĂ©e par un musĂ©e Ă  la relation artistique complexe et fructueuse qu’ont entretenue Pierre-Auguste et Jean, se propose d’examiner, dans une perspective nouvelle et nuancĂ©e, la façon dont l’Ɠuvre du pĂšre et celle du fils ont pu s’entrecroiser. À travers tout ce que les deux hommes ont partagĂ© – des modĂšles et des lieux, une palette vibrante et les effets de lumiĂšre dans la nature -, elle se penche sur la production artistique d’un grand cinĂ©aste et d’un grand peintre sous l’angle fascinant de la lignĂ©e familiale. Cette approche intime et particuliĂšre du sujet met au premier plan les moments importants de la carriĂšre et de la vie de famille d’un pĂšre et d’un fils. Elle pose plus gĂ©nĂ©ralement la question du difficile dialogue entre deux modes d’expression artistique, la peinture et le cinĂ©ma. [
]». Pablo Picasso PORTRAIT DE PIERO CROMMELYNCK Notre production du sud de la FranceChez Louis PĂšre et Fils tradition et innovation vont main dans la main, savoir-faire et maĂźtrise des traditions et des techniques ancestrales ouvrent de nouveaux champs Ă  l’expĂ©rience et au plaisir des amateurs de grands vins. Le Languedoc est une terre exceptionnelle, rude et gĂ©nĂ©reuse dont les vignobles ont longtemps Ă©tĂ© sous-estimĂ©s et marginalisĂ©s. GrĂące Ă  ses compĂ©tences, Ă  son ambition et Ă  sa volontĂ© de secouer les tabous, Louis PĂšre et Fils fait sortir ces grands vins de leur magnifique terroir. Pour leur redonner leurs lettres de noblesse et leur prestige. Article Ă©crit par La vie suicidĂ©e de Vincent Van Gogh selon Maurice Pialat la tristesse durera-t-elle toujours ? À la fin de À nos amours 1983, le personnage jouĂ© par Maurice Pialat rĂ©apparaĂźt pour rĂ©gler ses comptes avec sa famille et leur parler un peu de Vincent Van Gogh Quand Van Gogh est mort, il a soi-disant prononcĂ© une phrase 
. Il a dit La tristesse durera toujours ». La tristesse durera toujours. Et ça me frappait beaucoup cette phrase parce que je me disais mais
 En fait, je pensais comme tout le monde. Je croyais que c’était triste d’ĂȘtre un type comme Van Gogh. Alors je crois qu’il a voulu dire que c’est les autres qui sont tristes. Vous pensez pas ? C’est vous qui ĂȘtes tristes. » Ces quelques mots que le personnage de À nos amours a pour le peintre hollandais l’aident Ă  illustrer un peu mieux le dĂ©goĂ»t qu’il a pour sa femme et son fils ainsi que pour cette tristesse qui durera toujours. Il ne reconnaĂźt plus son fils Ă©crivain qui s’est vendu lui-mĂȘme pour vendre ses livres, ni sa femme devenue vulgaire, vivant dans une hystĂ©rie permanente. Seule sa fille Suzanne Sandrine Bonnaire, encore libre, arrive Ă  Ă©chapper Ă  l’Ɠil du pĂšre et lui donne un dernier moment de joie avant de le laisser seul. Police 1985 et Sous le soleil de Satan 1987 suivront À nos amours, mais Maurice Pialat pense peut-ĂȘtre dĂ©jĂ  Ă  Van Gogh lorsqu’il se trouve en face de Sandrine Bonnaire en 1983. Comme s’il Ă©tait destinĂ© Ă  vivre seul, Ă  crever seul – la gueule ouverte ou en silence comme le peintre -, le cinĂ©aste courbe le dos dans À nos amours comme Jacques Dutronc dans Van Gogh. Il passe lĂ , un instant, sans que personne ne le remarque. Si la scĂšne finale de À nos amours fait exister le pĂšre comme jamais auparavant, pour Vincent Van Gogh, il faudra mourir. Suzanne aime son pĂšre mais selon ses mots Ă  lui, elle l’aimerait surtout mort Les gens qu’on aime beaucoup, on voudrait toujours qu’ils soient morts ». De la vie de Vincent Van Gogh, Maurice Pialat choisit de filmer les derniĂšres semaines qui ont prĂ©cĂ©dĂ© son suicide Ă  Auvers-sur-Oise. S’il s’agit d’une pĂ©riode trĂšs productive pour le peintre – soixante-dix peintures en un peu plus de deux mois -, le cinĂ©aste porte son regard ailleurs. Les peintures sont bien lĂ , sur le chevalet ou au sol dans l’atelier, mais elles apparaissent comme hors de leur contexte. La toile est grattĂ©e, la couleur Ă©talĂ©e Ă  la lame des couteaux et les peintures une fois terminĂ©es tombent par terre, se salissent et se font transporter sous le bras. Avant d’ĂȘtre un artiste, Vincent Van Gogh est un travailleur, traĂźnant ses outils dans les champs et se tuant Ă  la besogne. Maurice Pialat choisit de ne pas introduire le peintre mais de le filmer lĂ , descendant d’un train et s’installant en pleine campagne dans un hĂŽtel de fortune. Le Vincent Van Gogh cĂ©lĂšbre que le spectateur connaĂźt au mĂȘme titre que Leonard de Vinci ou Pablo Picasso n’est jamais rĂ©ellement prĂ©sent dans le film. Le cinĂ©aste utilise cette culture populaire que chacun des spectateurs a pour construire Van Gogh de ses non-dits et de ses absences. Aucune peinture reprĂ©sentĂ©e dans le film ne semble avoir plus d’importance qu’un verre de vin, qu’une consultation chez le docteur ou qu’une scĂšne d’amour dans la campagne. Comme c’est le cas dans quasiment tous ses films, le cinĂ©aste tente d’ancrer son film dans le rĂ©el – ici, dans la rĂ©alitĂ© de l’époque. Entre la vie de Vincent Van Gogh, vĂ©ritablement vĂ©cue par l’homme et sa peinture, Maurice Pialat construit son film. Seul, malade et loin de son frĂšre ThĂ©o Bernard Le Coq et de sa belle-sƓur Johanna Corinne Bourdon, Vincent Van Gogh, sous les traits que lui a donnĂ©s Maurice Pialat, traĂźne ici et lĂ  et cherche sa Suzanne. Si aucun moment de joie n’est filmĂ© par Maurice Pialat lorsque Vincent Van Gogh se trouve face Ă  l’une de ses peintures, dĂšs que l’artiste est dĂ©gagĂ© de son obligation de peindre, le film prend la lumiĂšre de toute part. La jeune Marguerite Alexandra London tombe amoureuse du peintre et grandit Ă  ses cĂŽtĂ©s, un repas aussi joyeux que celui de Loulou 1980 est organisĂ© dans le jardin du docteur Gachet GĂ©rard SĂ©ty et mĂȘme lorsque son voyage Ă  Paris tourne en pugilat avec son frĂšre, dans un bordel de la ville la vie apparaĂźt tout de mĂȘme, criarde et rieuse. La Suzanne de À nos amours est Marguerite mais elle est aussi tous ces instants oĂč Vincent oublie qu’il est Van Gogh. Lorsqu’il se jette dans l’Oise, lĂ  mĂȘme oĂč les impressionnistes aimaient peindre, ou lorsqu’il fait l’amour avec Cathy Elsa Zylberstein, c’est comme s’il brĂ»lait toutes ses toiles. La peinture comme moment de joie n’est prĂ©sente que lorsqu’elle vit concrĂštement dans le rĂ©el Ă  travers des gestes simples Johanna filmĂ©e comme une baigneuse d’Edgar Degas ou les balades dominicales Ă  la maniĂšre d’Auguste Renoir. Les peintres, les artistes, c’est les autres. ThĂ©o ne cesse de lui rappeler et Maurice Pialat Ă©galement lorsqu’il le filme Ă  nouveau seul, contraint de retourner Ă  une condition qui le tue. Ne pouvant plus peindre mais forcĂ© de continuer Ă  cause de tous ces yeux qui le regardent, Vincent Van Gogh se tire une balle de revolver dans le ventre et meurt en silence en tenant la main de son frĂšre. ThĂ©o mourra six mois plus tard. L’amour prĂ©sent dans la famille de À nos amours et entre Vincent et son frĂšre devrait les protĂ©ger de tout. Ce ne sera jamais le cas et c’est de lĂ  que vient la dĂ©chirure. GĂ©rard Depardieu terrorisĂ© comme un gosse quand se termine Loulou est seul chez lui et ne sachant plus qui regarder, fixe dans un dernier plan la camĂ©ra. Peut-ĂȘtre qu’il se demande qui viendra lui tenir la main Ă  lui. La tristesse durera donc toujours ? Si Maurice Pialat a tuĂ© Vincent Van Gogh, dĂ©jĂ  la vie reprend. Les enfants jouent Ă  la marelle, les femmes lavent le linge dehors et il va bientĂŽt ĂȘtre l’heure de passer Ă  table. Un peintre demande Ă  Marguerite si elle a connu Van Gogh et la jeune fille lui rĂ©pond que c’était un ami.

le pÚre était peintre le fils cinéaste