davril 1932. Son pĂšre, journaliste et traducteur, nâĂ©tait pas encore le poĂšte que lâUnion SoviĂ©tique allait cĂ©lĂ©brer plus tard. Sâil quitta le foyer familial dĂšs 1935, le dialogue ne cessera jamais, entre le pĂšre et le fils, entre la poĂ©sie de lâun et le cinĂ©ma de lâautre. Les vers dâArseni Tarkovski se font ainsi
J'avais deux idées explique le cinéaste. La premiÚre était de jouer avec les codes du polar. La seconde était d'aborder la relation pÚre-fils. Chez moi, c'est une véritable obsession
Cest sans doute le cinĂ©aste italien le plus intĂ©ressant dâaujourdâhui : Marco Tullio Giordana signe, avec "LĂ©a", qui sort cette semaine, un film passionnant, dâune rare densitĂ© humaine. Lâhistoire de cette femme qui fuit, avec sa fille, la violence de la NâDrangheta, la mafia calabraise, est poignante. Le rĂ©alisateur revisite 20 ans de lâhistoire de son pays, en filigrane
Commesi cela nâĂ©tait pas suffisant il « alla chercher une longue perche pour abattre des noix », comme si le gamin Ă©tait chosifiĂ©, le « frappa sur lâĂ©paule », le « chassant rudement », en une autre animalisation. Il est probable que nous ne reverrons guĂšre un tel pĂšre, sinon jamais, au cours du roman, tant ce dernier, en une belle revanche, est attachĂ© Ă son indigne fils.
Description DĂ©tails du produit. «Jean Renoir, deuxiĂšme fils du grand peintre Pierre-Auguste Renoir, fut lâun des cinĂ©astes les plus influents du XXe siĂšcle et mĂȘme, selon Orson Welles,
LBHOie. Le gĂ©nial Deep End sort ces jours-ci dans une superbe Ă©dition Blu-ray chez Carlotta. Idem pour Essential Killing parmi les dix meilleurs films de lâannĂ©e 2011, chez Studiocanal. Câest occasion de se pencher Ă nouveau sur lâĆuvre de Jerzy Skolimowski photo en tĂȘte de texte, une des plus belles du cinĂ©ma moderne. Jerzy Skolimowski, nĂ© en 1938, fut une figure marquante du nouveau cinĂ©ma polonais des annĂ©es 60 aux cĂŽtĂ©s de Roman Polanski avant de devenir un cinĂ©aste insaisissable, Ă la carriĂšre dĂ©routante. Signes particuliers de Skolimowski Ă la fois poĂšte et boxeur, acteur et rĂ©alisateur, franc-tireur et farouchement individualiste, comme en tĂ©moignent ses premiers films et ceux qui suivront, tournĂ©s un peu partout dans le monde. Walkover est le deuxiĂšme long mĂ©trage de Skolimowski, aprĂšs Signe particulier nĂ©ant 1964. Il y interprĂšte le rĂŽle principal, celui dâun Ă©tudiant dĂ©sĆuvrĂ© qui a ratĂ© son diplĂŽme dâingĂ©nieur et qui erre dans des paysages industriels incertains, jamais Ă sa place dans une Pologne en voie de modernisation. Rencontres pittoresques, humour grinçant, jeunes femmes agaçantes, mais surtout inventivitĂ© permanente de la mise en scĂšne. Skolimowski, sans doute sous influence godardienne, comme beaucoup dâautres Ă lâĂ©poque, bouscule la syntaxe cinĂ©matographique, les bonnes maniĂšres et les habitudes. Le film dĂ©bute par une image gelĂ©e, puis le regard camĂ©ra dâune jeune femme en gros plan, quelques secondes avant quâelle ne se jette sous un train arrivant en gare. Câest de ce mĂȘme train que va descendre le hĂ©ros » de Walkover, trentenaire qui va accepter par dĂ©pit de participer Ă un tournoi de boxe amateur. Lui aussi regardera rĂ©guliĂšrement la camĂ©ra dans des plans fixes oĂč il semble jauger le spectateur, lui imposer des plans miroirs oĂč se reflĂšte une image inconfortable de la condition dâhomme, entre rĂ©bellion et dĂ©sillusion, parfaitement intemporelle malgrĂ© lâancrage historique du film dans la post Nouvelle Vague europĂ©enne. Skolimowski est un cinĂ©aste de lâĂ©nergie, mais dâune Ă©nergie vaine. Il sâagit plutĂŽt de dĂ©pense. Son personnage est sans cesse en mouvement, mais il fait du sur place, marche Ă reculons ou reviens en arriĂšre le plan, a la fois allĂ©gorique et dâune impressionnante vigueur physique, oĂč le cinĂ©aste saute dâun train en marche pour rejoindre le lieu quâil venait de quitter, prisonnier de la sociĂ©tĂ©, incapable dâĂ©chapper Ă un prĂ©sent stĂ©rile et Ă un futur guĂšre excitant. AthlĂ©tique, il doit sa victoire sur le ring non pas Ă sa force mais Ă un gag humiliant qui donne sa signification au film le walkover » du titre, qui dĂ©signe dans le vocabulaire de la boxe une victoire par abandon. Skolimowski, comme son collĂšgue Polanski, ne va pas supporter longtemps la censure politique de la Pologne communiste. AprĂšs La BarriĂšre 1966, Haut les mains est interdit lâannĂ©e suivante par la censure il faudra attendre 1981 pour quâil soit projetĂ© sur un Ă©cran. Skolimowski quitte son pays et commence une carriĂšre erratique dâexilĂ© perpĂ©tuel, filmant dâabord en Belgique le magnifique DĂ©part, trĂšs proche des films de Godard il lui emprunte Jean-Pierre LĂ©aud, gĂ©nial en garçon coiffeur rĂȘvant de devenir champion de course automobile, en Italie Les Aventures du brigadier GĂ©rard que Skolimowski considĂšre comme son pire film. Heureusement son installation en Grande-Bretagne lui sera plus profitable. Deep End 1970, grĂące Ă la ressortie providentielle du film en salles cette annĂ©e, puis en DVD et Blu-ray, dans une magnifique copie restaurĂ©e merci Bavaria et Carlotta a permis de revoir ce film culte, sans doute le plus beau de Skolimowski et lâun des meilleurs des nouveaux cinĂ©mas europĂ©ens des annĂ©es 60-70. On a pu dire que les meilleurs films anglais modernes avaient Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s par des Ă©trangers Blow Up dâAntonioni, RĂ©pulsion de Polanski et surtout Deep End de Jerzy Skolimowski. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, les films des grands cinĂ©astes en exil possĂšdent une qualitĂ© dâĂ©trangetĂ© et dâobservation qui les rend fascinants. Skolimowski dans Deep End ne quitte presque jamais les locaux dâune piscine filmĂ©s Ă Munich, coproduction oblige !, mais un coin de rue, une entrĂ©e de boĂźte de nuit et un bout de campagne enneigĂ©e suffisent Ă restituer le Londres de lâĂ©poque, beaucoup moins glamour que celui dâAntonioni mais absolument authentique, avec ce mĂ©lange de mauvais goĂ»t, dâambiances glauques et de candeur Ă©rotique. ConsidĂ©rĂ© Ă juste titre comme un des meilleurs films jamais rĂ©alisĂ©s sur lâĂ©tat dâadolescence thĂšme dĂ©jĂ traitĂ© dans les premiers films de Skolimowski et son premier long mĂ©trage hors de Pologne Le DĂ©part tournĂ© en Belgique avec Jean-Pierre LĂ©aud, Deep End fut longtemps confinĂ© Ă un culte confidentiel en raison de sa raretĂ©, seulement visible dans de pauvres copies 16mm ou 35mm en mauvais Ă©tat qui avaient survĂ©cu aux outrages du temps depuis le dĂ©but des annĂ©es 70, pĂ©riode sinistrĂ©e des nouveaux cinĂ©mas du monde entier dont la redĂ©couverte est toujours autant dâactualitĂ©. Ceux qui avaient eu la chance de le dĂ©couvrir par hasard en gardaient un souvenir Ă©bloui. Ils nâavaient pas rĂȘvĂ©. La ressortie providentielle de Deep End en apporte la preuve Ă©clatante. Le film enfin restaurĂ© avec ses rutilantes couleurs pop venant balafrer la grisaille londonienne est chef-dâĆuvre de mĂ©lancolie et de cruautĂ©, ancĂȘtre pas si lointain des teen movies » sensibles signĂ©s Gus Van Sant dans son exploration pleine dâempathie des Ă©mois dĂ©finitifs de lâadolescence. Câest un film de peintre ce que le rĂ©alisateur deviendra lorsquâil cessera de mettre en scĂšne pendant dix-sept ans, de poĂšte ce quâil avait Ă©tĂ© avant de faire des films mais aussi de boxeur autre activitĂ© du cinĂ©aste dans sa jeunesse, qui a maintenu dans tous ses films une violence incisive, une prĂ©cision du geste et une Ă©nergie virile qui nâappartiennent quâĂ lui. Un jeune garçon timide devient employĂ© dans des bains publics de lâEast End londonien. ChargĂ© dâassister les clientes, il dĂ©couvre un univers clos oĂč la promiscuitĂ© et la nuditĂ© humides des corps sont propices Ă divers Ă©changes et trafics pas trĂšs Ă©loignĂ©s de la prostitution. Il sâamourache surtout de sa collĂšgue, une belle fille Ă la rĂ©putation facile quâil Ă©pie et tente maladroitement de sĂ©duire. Deep End a lâidĂ©e gĂ©niale dâinverser les rĂŽles au garçon de jouer les pucelles effarouchĂ©es devant les avances sexuelles des rombiĂšres mĂ©nopausĂ©es, tandis que la fille Jane Asher, fiancĂ©e de Paul McCartney au moment du tournage, cynique et libĂ©rĂ©e, sâamuse avec les hommes et les envoie balader Ă la premiĂšre occasion. La beautĂ© de porcelaine de John Moulder Brown, petit prince prolo et hĂ©ros rimbaldien de ce roman dâapprentissage dĂ©sastreux en vase clos ajoute au charme fou dâun film tour Ă tour drĂŽle et tragique, oĂč explose lâart de Skolimowski ce mĂ©lange de poĂ©sie et de trivialitĂ©, dâĂ©nergie et de morbiditĂ© que lâon a retrouvĂ© intact dans ses derniers opus, le superbe Quatre Nuits avec Anna film du grand retour au cinĂ©ma aprĂšs dix-sept ans dâabsence consacrĂ©e Ă la peinture, dans une retraite improbable Ă Malibu, et aussi retour Ă la terre natale polonaise, que jâavais montrĂ© en ouverture de la Quinzaine des RĂ©alisateurs Ă Cannes en 2009 et le non moins gĂ©nial Essential Killing en 2011 encore une histoire de dĂ©sir vital et de voyage vers la mort. Jâavoue nâavoir jamais vu Roi, dame, valet dâaprĂšs Nabokov, dont lâĂ©chec laissera Skolimowski six ans sans tourner et Le Cri du sorcier film sur la folie avec Alan Bates, Susannah York et John Hurt. Douze ans aprĂšs Deep End, Skolimowski rĂ©alise un deuxiĂšme chef-dâĆuvre Ă Londres, Travail au noir. Un film ouvertement politique, mais avant tout une aventure humaine absurde et obsessionnelle, comme toujours chez le cinĂ©aste. DĂ©cidĂ© et filmĂ© dans lâurgence, Travail au noir rĂ©pond au traumatisme du coup dâĂ©tat polonais de dĂ©cembre 1981, vĂ©cu de loin par lâexilĂ© perpĂ©tuel Skolimowski. Le contremaĂźtre Novak et trois maçons polonais viennent travailler au noir Ă Londres pour effectuer des travaux dans la maison dâun riche compatriote. Lorsque Novak, le seul Ă parler anglais, apprend la nouvelle du coup dâĂ©tat militaire, il dĂ©cide de ne pas en informer les ouvriers, de les maintenir dans un Ă©tat dâignorance et de retarder le plus possible lâĂ©chĂ©ance de leur retour impossible au pays. Encore un film de claustration, Travail au noir est lâhistoire dâun projet insensĂ© vouĂ© Ă lâĂ©chec et la mĂ©taphore astucieuse de la douleur dâun pays et de ses exilĂ©s. Jeremy Irons, plus que crĂ©dible en travailleur polonais, y livre une performance extraordinaire. AprĂšs ce chef-dâĆuvre, la carriĂšre de Skolimowski va continuer dâavancer en zigzags, avec un film bizarre sur a crĂ©ation et lâexil Le SuccĂšs Ă tout prix, tournĂ© entre Paris et Londres et deux adaptations littĂ©raires Ă moitiĂ© acadĂ©miques et plutĂŽt ratĂ©es Les Eaux printaniĂšres et Ferdydurke. Mais avant ces films dĂ©cevants, Skolimowski rĂ©alise en 1986 lâexcellent Bateau-phare, qui prolonge la thĂ©matique de la difficile relation pĂšre fils dĂ©jĂ au cĆur du SuccĂšs Ă tout prix dans les deux films lâadolescent est interprĂ©tĂ© par le propre fils de SKolimowski, Michael Lyndon. Unique film vĂ©ritablement amĂ©ricain de Skolimowski, cinĂ©aste habituĂ© aux productions apatrides, Le Bateau-phare entretient pourtant une relation ambigĂŒe avec sa terre dâaccueil. Câest un film qui reste au large du cinĂ©ma amĂ©ricain comme de son territoire, puisque lâessentiel de lâaction se dĂ©roule en mer, sur un bateau-phare chargĂ© de surveiller les cĂŽtes. Pourtant, Skolimowski sâacquitte de sa commande un film noir hustonien, quasi remake de Key Largo tout en signant un film trĂšs personnel lâun des premiers scĂ©narios de Skolimowski, Le Couteau dans lâeau de Roman Polanski, Ă©tait dĂ©jĂ un huis clos maritime. Le Bateau-phare sâorganise autour de deux duels psychologiques, lâun entre un pĂšre et son fils, lâautre entre le pĂšre, capitaine dâun bateau-phare, et un gangster en cavale. Selon la rĂšgle des tournages confinĂ©s, lâhistoire du film a contaminĂ© son tournage, avec des affrontements dâego entre Klaus Maria Brandauer dont la ressemblance physique avec Skolimowski nâest pas fortuite, puisquâil joue le pĂšre de Michael Lyndon, son fils et le cinĂ©aste, ainsi que des rivalitĂ©s professionnelles entre Brandauer et son ennemi Ă lâĂ©cran, Robert Duvall. En adoptant un classicisme de façade et sans trop se soucier des conventions du genre, Skolimowski est parvenu Ă conserver la tension et lâĂ©nergie de ses plus grandes rĂ©ussites les contingences de la rĂ©alitĂ© ont toujours nourri son art. Ce goĂ»t du mouvement â parfois immobile â et de lâabsurde, de la fuite et de lâĂ©puisement se retrouve dĂ©multipliĂ© dans le dernier film en date de Jerzy Skolimowski, chasse Ă lâhomme qui offre Ă Vincent Gallo lâoccasion dâune impressionnante performance masochiste, le gĂ©nial Essential Killing 2011, un des chefs-dâĆuvre sortis cette annĂ©e dans les salles françaises et qui lui aussi est dĂ©sormais disponible en DVD et Blu-ray, Ă©ditĂ© par Studiocanal. Indispensable, cela va sans dire.
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Jean Renoir, deuxiĂšme fils du grand peintre Pierre-Auguste Renoir, fut lâun des cinĂ©astes les plus influents du XXe siĂšcle et mĂȘme, selon Orson Welles, âle plus grand de tous les rĂ©alisateursâ. Cette situation exceptionnelle est le point de dĂ©part de âRenoir pĂšre et fils / Peinture et cinĂ©maâ. La prĂ©sente exposition, la premiĂšre consacrĂ©e par un musĂ©e Ă la relation artistique complexe et fructueuse quâont entretenue Pierre-Auguste et Jean, se propose dâexaminer, dans une perspective nouvelle et nuancĂ©e, la façon dont lâĆuvre du pĂšre et celle du fils ont pu sâentrecroiser. Ă travers tout ce que les deux hommes ont partagĂ© â des modĂšles et des lieux, une palette vibrante et les effets de lumiĂšre dans la nature -, elle se penche sur la production artistique dâun grand cinĂ©aste et dâun grand peintre sous lâangle fascinant de la lignĂ©e familiale. Cette approche intime et particuliĂšre du sujet met au premier plan les moments importants de la carriĂšre et de la vie de famille dâun pĂšre et dâun fils. Elle pose plus gĂ©nĂ©ralement la question du difficile dialogue entre deux modes dâexpression artistique, la peinture et le cinĂ©ma. [âŠ]».
Pablo Picasso PORTRAIT DE PIERO CROMMELYNCK Notre production du sud de la FranceChez Louis PĂšre et Fils tradition et innovation vont main dans la main, savoir-faire et maĂźtrise des traditions et des techniques ancestrales ouvrent de nouveaux champs Ă lâexpĂ©rience et au plaisir des amateurs de grands vins. Le Languedoc est une terre exceptionnelle, rude et gĂ©nĂ©reuse dont les vignobles ont longtemps Ă©tĂ© sous-estimĂ©s et marginalisĂ©s. GrĂące Ă ses compĂ©tences, Ă son ambition et Ă sa volontĂ© de secouer les tabous, Louis PĂšre et Fils fait sortir ces grands vins de leur magnifique terroir. Pour leur redonner leurs lettres de noblesse et leur prestige.
Article Ă©crit par La vie suicidĂ©e de Vincent Van Gogh selon Maurice Pialat la tristesse durera-t-elle toujours ? Ă la fin de Ă nos amours 1983, le personnage jouĂ© par Maurice Pialat rĂ©apparaĂźt pour rĂ©gler ses comptes avec sa famille et leur parler un peu de Vincent Van Gogh Quand Van Gogh est mort, il a soi-disant prononcĂ© une phrase âŠ. Il a dit La tristesse durera toujours ». La tristesse durera toujours. Et ça me frappait beaucoup cette phrase parce que je me disais mais⊠En fait, je pensais comme tout le monde. Je croyais que câĂ©tait triste dâĂȘtre un type comme Van Gogh. Alors je crois quâil a voulu dire que câest les autres qui sont tristes. Vous pensez pas ? Câest vous qui ĂȘtes tristes. » Ces quelques mots que le personnage de Ă nos amours a pour le peintre hollandais lâaident Ă illustrer un peu mieux le dĂ©goĂ»t quâil a pour sa femme et son fils ainsi que pour cette tristesse qui durera toujours. Il ne reconnaĂźt plus son fils Ă©crivain qui sâest vendu lui-mĂȘme pour vendre ses livres, ni sa femme devenue vulgaire, vivant dans une hystĂ©rie permanente. Seule sa fille Suzanne Sandrine Bonnaire, encore libre, arrive Ă Ă©chapper Ă lâĆil du pĂšre et lui donne un dernier moment de joie avant de le laisser seul. Police 1985 et Sous le soleil de Satan 1987 suivront Ă nos amours, mais Maurice Pialat pense peut-ĂȘtre dĂ©jĂ Ă Van Gogh lorsquâil se trouve en face de Sandrine Bonnaire en 1983. Comme sâil Ă©tait destinĂ© Ă vivre seul, Ă crever seul â la gueule ouverte ou en silence comme le peintre -, le cinĂ©aste courbe le dos dans Ă nos amours comme Jacques Dutronc dans Van Gogh. Il passe lĂ , un instant, sans que personne ne le remarque. Si la scĂšne finale de Ă nos amours fait exister le pĂšre comme jamais auparavant, pour Vincent Van Gogh, il faudra mourir. Suzanne aime son pĂšre mais selon ses mots Ă lui, elle lâaimerait surtout mort Les gens quâon aime beaucoup, on voudrait toujours quâils soient morts ». De la vie de Vincent Van Gogh, Maurice Pialat choisit de filmer les derniĂšres semaines qui ont prĂ©cĂ©dĂ© son suicide Ă Auvers-sur-Oise. Sâil sâagit dâune pĂ©riode trĂšs productive pour le peintre â soixante-dix peintures en un peu plus de deux mois -, le cinĂ©aste porte son regard ailleurs. Les peintures sont bien lĂ , sur le chevalet ou au sol dans lâatelier, mais elles apparaissent comme hors de leur contexte. La toile est grattĂ©e, la couleur Ă©talĂ©e Ă la lame des couteaux et les peintures une fois terminĂ©es tombent par terre, se salissent et se font transporter sous le bras. Avant dâĂȘtre un artiste, Vincent Van Gogh est un travailleur, traĂźnant ses outils dans les champs et se tuant Ă la besogne. Maurice Pialat choisit de ne pas introduire le peintre mais de le filmer lĂ , descendant dâun train et sâinstallant en pleine campagne dans un hĂŽtel de fortune. Le Vincent Van Gogh cĂ©lĂšbre que le spectateur connaĂźt au mĂȘme titre que Leonard de Vinci ou Pablo Picasso nâest jamais rĂ©ellement prĂ©sent dans le film. Le cinĂ©aste utilise cette culture populaire que chacun des spectateurs a pour construire Van Gogh de ses non-dits et de ses absences. Aucune peinture reprĂ©sentĂ©e dans le film ne semble avoir plus dâimportance quâun verre de vin, quâune consultation chez le docteur ou quâune scĂšne dâamour dans la campagne. Comme câest le cas dans quasiment tous ses films, le cinĂ©aste tente dâancrer son film dans le rĂ©el â ici, dans la rĂ©alitĂ© de lâĂ©poque. Entre la vie de Vincent Van Gogh, vĂ©ritablement vĂ©cue par lâhomme et sa peinture, Maurice Pialat construit son film. Seul, malade et loin de son frĂšre ThĂ©o Bernard Le Coq et de sa belle-sĆur Johanna Corinne Bourdon, Vincent Van Gogh, sous les traits que lui a donnĂ©s Maurice Pialat, traĂźne ici et lĂ et cherche sa Suzanne. Si aucun moment de joie nâest filmĂ© par Maurice Pialat lorsque Vincent Van Gogh se trouve face Ă lâune de ses peintures, dĂšs que lâartiste est dĂ©gagĂ© de son obligation de peindre, le film prend la lumiĂšre de toute part. La jeune Marguerite Alexandra London tombe amoureuse du peintre et grandit Ă ses cĂŽtĂ©s, un repas aussi joyeux que celui de Loulou 1980 est organisĂ© dans le jardin du docteur Gachet GĂ©rard SĂ©ty et mĂȘme lorsque son voyage Ă Paris tourne en pugilat avec son frĂšre, dans un bordel de la ville la vie apparaĂźt tout de mĂȘme, criarde et rieuse. La Suzanne de Ă nos amours est Marguerite mais elle est aussi tous ces instants oĂč Vincent oublie quâil est Van Gogh. Lorsquâil se jette dans lâOise, lĂ mĂȘme oĂč les impressionnistes aimaient peindre, ou lorsquâil fait lâamour avec Cathy Elsa Zylberstein, câest comme sâil brĂ»lait toutes ses toiles. La peinture comme moment de joie nâest prĂ©sente que lorsquâelle vit concrĂštement dans le rĂ©el Ă travers des gestes simples Johanna filmĂ©e comme une baigneuse dâEdgar Degas ou les balades dominicales Ă la maniĂšre dâAuguste Renoir. Les peintres, les artistes, câest les autres. ThĂ©o ne cesse de lui rappeler et Maurice Pialat Ă©galement lorsquâil le filme Ă nouveau seul, contraint de retourner Ă une condition qui le tue. Ne pouvant plus peindre mais forcĂ© de continuer Ă cause de tous ces yeux qui le regardent, Vincent Van Gogh se tire une balle de revolver dans le ventre et meurt en silence en tenant la main de son frĂšre. ThĂ©o mourra six mois plus tard. Lâamour prĂ©sent dans la famille de Ă nos amours et entre Vincent et son frĂšre devrait les protĂ©ger de tout. Ce ne sera jamais le cas et câest de lĂ que vient la dĂ©chirure. GĂ©rard Depardieu terrorisĂ© comme un gosse quand se termine Loulou est seul chez lui et ne sachant plus qui regarder, fixe dans un dernier plan la camĂ©ra. Peut-ĂȘtre quâil se demande qui viendra lui tenir la main Ă lui. La tristesse durera donc toujours ? Si Maurice Pialat a tuĂ© Vincent Van Gogh, dĂ©jĂ la vie reprend. Les enfants jouent Ă la marelle, les femmes lavent le linge dehors et il va bientĂŽt ĂȘtre lâheure de passer Ă table. Un peintre demande Ă Marguerite si elle a connu Van Gogh et la jeune fille lui rĂ©pond que câĂ©tait un ami.
le pÚre était peintre le fils cinéaste